L'églogue. Issue de l'idylle,
qui se présentait comme un petit tableau pastoral (v. Théocrite).
Aussi, influences du théâtre pour les dialogues et de
l'ode pour la célébration de la nature. Le roman pastoral
(ex.: l'Astrée) et la pastorale dramatique (ex.: l'Aminta du
Tasse (1573) et Il Pastor fido de Guarini (1590)).
L'églogue est tombée en désuétude dans
la poésie moderne. C'est un poème
lyrique en vers, de longueur variable, évoquant la vie des
bergers.
Cette évocation se fait sous la forme d'un dialogue ou d'un
récit qui met en scène le plus souvent soit une intrigue
amoureuse impliquant un berger et une bergère, soit une rivalité
entre bergers qui se mesurent l'un à l'autre dans un concours
poétique ayant pour thème l'amour, une légende
connue ou bien une description de la nature.
En fait, la visée de l'églogue,
c'est d'idéaliser la nature, la vie champêtre, où
l'on vit dans la beauté et l'harmonie, la simplicité
et la paix, loin de la civilisation, de la ville, qui a corrompu les
hommes (cela fait penser à l'opposition nature-culture telle
qu'on la retrouve dans l'oeuvre de Rousseau).
Souvent, le poète dans l'églogue utilise le vocabulaire
qui a trait à la vie des paysans non pas tant pour décrire
cette vie, mais plutôt pour exprimer d'une manière symbolique,
allégorique la passion amoureuse et les intrigues qu'elle provoque
(ex.: les fruits de l'amour); il y a embellissement des rapports humains.
D'ailleurs, la plupart des poètes qui ont pratiqué l'églogue
faisaient partie de la vie de cour et, par conséquent, étaient
étrangers à la vie des paysans.
En outre, l'églogue représente souvent pour le poète
un moyen de parler d'une façon détournée, subtile
des événements contemporains (voir, par exemple, la
première bucolique de Virgile).
L'églogue est assez proche de l'élégie: à
travers le dialogue ou le récit des bergers, il y a expression
de sentiments personnels sur un ton lyrique.
L'églogue se distingue de l'idylle par son son aspect narratif
ou dramatique; l'idylle est plus descriptive.
En Espagne, le mot egloga désigne une petite pièce pastorale;
ce qui distingue principalement l'egloga de l'églogue, c'est
qu'elle a un caractère comique et que le style n'est pas toujours
élevé (il peut y avoir des régionalismes). Voir
les églogues de Juan del Encina.
auteurs
et oeuvres
Bion (IIIe s. av. J.-C., poète
grec), Chant funèbre en l'honneur d'Adonis.
Théocrite (-315 à -250, poète grec),Idylles.
Virgile (v.-70 à -19, poète latin), Bucoliques.
Ausone (v.310-v.385, poète latin), la Moselle.
Tao Yuanming (365-427, poète chinois).
Jean Moschos (mort en 619), le Pré spirituel.
Dante (1265-1321, poète italien), Églogues.
Pétrarque (1304-1374, poète italien), Églogues.
Boccace (1313-1375, écrivain italien), Églogues.
Juan del Encina (1469-v.1529, poète espagnol), Églogues.
Pierre de Ronsard (1524-1585), Églogues.
Jean Vauquelin de La Fresnaye (1536-1607, poète français),
Foresteries.
Nicolas Filleul (1537-v.1584, poète français), Églogues.
Francisco Rodrigues Lôbo (1580-1622, poète portugais),
Églogues.
André de Chénier (1762-1794, poète français),
Bucoliques.
John Davidson (1857-1909, poète écossais), Églogues
de Fleet Street.
W. H. Auden (1907-1973, poète anglais), le Bouclier d'Achille.