Un acrostiche, du grec
acros: "extrême, aigu" et stichos: "vers", est un mode de
composition poétique tel que la série des lettres
initiales de chaque vers, lue verticalement, forme le nom d'une
personne ou d'une chose.
Ex: LIT dans "Le dormeur du val" de RIMBAUD
Les parfums ne
font pas frissonner sa narine; Il dort dans le soleil, la main sur sa
poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté
droit.
Aujourd'hui, l'acrostiche
est dédaigné, mais Villon, Marot, Gringore et d'autres
y ont dépensé du talent. C'est plutôt un "jeu
de société" qu'un poème.
La
sextine:
Définition:
sextine, sestine ou sixtine, n.f., forme poétique fixe reposant
notamment sur des effets complexes de reprise de mots. Créée
par le troubadour provençal Arnaut Daniel, exportée
en Italie, ramenée en France à la Renaissance, la
sextine comporte six groupes de six vers construits sur seulement
deux rimes. Elle se conclut sur un groupement de trois vers où
réapparaissent à des places diverses certains des
mots utilisés pour les rimes.
La sextine,dont il y
a quelques exemples au XVI° siècle et au XIXI°
siècle, est d'inspiration italienne. Elle s'écrit
en alexandrins, sur deux rimes, et se compose de six strophes de
six vers, suivies d'une demi-strophe de trois, appelée Tornada. Le
premier vers de chaque strophe rime avec le troisième et
le quatrième, le second avec le cinquième et le sixième.
Il n'y a pas d'autres mots à la rime que les six qu'y a mis
la première strophe, mais ils figurent dans un autre ordre
aux strophes suivantes, à savoir d'abord le sixième
puis le premier de la strophe précédente, le cinquième
puis le deuxième, le quatrième puis le troisième.
( de l'ordre 1 2 3 4 5 6 on passe à 6 1 5 2 4 3: la dernière
rime est reprise comme première de la strophe suivante, et
tout s'enchaîne selon la logique d'une spirale concentrique).
Les six mots reparaissent dans la strophe finale, à raison
de deux par vers, et dans le même ordre qu'à la première
strophe, mais de telle sorte que les rimes impaires de cette strophe
entrent dans le premier hémistiche, mais non à la
fin de cette hémistiche, et ceux des rimes paires à
la rime. Ce poème est assez étendu pour que la
poésie puisse y trouver une place, mais elle est constamment
gênée par les entraves matérielles. Quand
on n'y trouve que le mérite des difficultés vaincues
on regrette que l'auteur n'ait pas fait un meilleur usage de son
talent. Ce type de poème est relativement rare dans la poésie
française.
L'invention de ses règles très complexes est attribuée
au troubadour Arnaud Danier (1180 - 1210). En 1548, Thomas
Sébillet les rappelle dans son Art Poétique.
En voici une de Francis Lalanne:
A trop vouloir me faire aimer,
Qu'ai-je eu de ton amour ma mie ?
Tout ton corps de se refermer
Sur mon cur ! Et pour te charmer,
Nul philtre, en ton âme endormie,
Ne peut vaincre ton anémie !
Cette étrange et sourde
anémie
Qui nous réduit au mal d'aimer !
Comme une princesse endormie
Au bois de mes rêves, ma mie,
Prince, je ne peux te charmer,
Et tes yeux se refermer
Tes lèvres se refermer
Sous l'effet de cette anémie !
Mon baiser ne peut te charmer ;
Ni t'éveiller au verbe aimer ;
A mon amour, à moi, ma mie !
Princesse toujours endormie !
pour moi seul toujours endormie,
Toujours prête à te refermer,
Qui pourra te guérir, ma mie,
Du sommeil de cette anémie
Qui lors t'empêche de m'aimer
Et m'interdit de te charmer ?
Quel prince enfin pourrait
charmer,
Seul, une princesse endormie
Et de son cur se faire aimer
Sans une aide pour refermer
Le livre de cette anémie ?
Qui pourrait te guérir ? ma mie !
Quel prince pourrait seul,
ma mie !
Sans l'aide des fées, te charmer ?
Triompher de cette anémie
Qui te tiens toujours endormie ?
Mon cur ne peut se refermer ;
Mais un cur peut-il désaimer ?
Tornada
Sans ton amour comment aimer,
ma mie ?
Quand un cur veut se refermer, qui peut
Charmer l'être endormi par l "anémie ?