Définition
:
Écoles littéraires,
terme désignant les groupes et les productions d'auteurs qui,
à une époque donnée, partagent des principes
esthétiques communs, exprimés
dans des textes théoriques (le Roman expérimental
de Zola, 1880; le Manifeste du surréalisme de Breton, 1924).
Ces groupes se rassemblent souvent autour d'un chef de file, dans
des lieux privilégiés d'élaboration théorique
et de production (le Cénacle autour de Victor Hugo). On peut
considérer la Pléiade comme la première école
littéraire française.
Les
réunions littéraires :
Le
cénacle :
définition
: Salle où Jésus-Christ prit son dernier repas, la Cène,
et institua l'Eucharistie, et où, après la résurrection,
les apôtres reçurent le Saint-Esprit.
Par extension, on appelle ainsi la réunion d'un petit nombre
d'écrivains, d'artistes, partageant les mêmes idées.
- En particulier, le Cénacle est le nom donné
au salon de Charles Nodier, bibliothécaire de l'Arsenal, où
se réunirent dès 1824 les jeunes partisans des romantiques
avec Vigny, Hugo, Lamartine, Musset, Sainte-Beuve.
- Le Deuxième Cénacle se forma, à partir de 1828,
autour de Victor Hugo, devenu chef de file de la nouvelle école
; il réunit Dumas, Balzac, Nerval, Gautier, Musset, Vigny,
etc.
La
Pléiade :
Groupe de poètes français
de la Renaissance.
C'est Pierre de Ronsard, en 1556, qui
choisit ce nom emprunté à la mythologie grecque.
En effet, les Pléiades sont les sept filles d'Atlas qui, métamorphosées
en étoiles, constituèrent une constellation.
Dans l'Antiquité, le terme désignait déjà
d'éminents penseurs ou poètes comme les Sept Sages ou
la Pléiade alexandrine ; en reprenant cet héritage,
Ronsard cherchait à donner à la poésie française
le prestige conféré traditionnellement aux lettres gréco-latines.
À ses côtés, la Pléiade comptait parmi
ses membres Joachim Du Bellay, Étienne Jodelle, Jean-Antoine
de Baïf, Jacques Peletier du Mans, Rémi Belleau, Pontus
de Tyard. Jean Bastier de La Péruse et Jean Dorat s'y rattachèrent
aussi.
La diversité des personnalités et des uvres fait
qu'il est difficile de trouver une doctrine cohérente et valable
pour tous d'autant qu'on décèle parfois chez un même
poète des variations esthétiques : ainsi, Du Bellay
proposa deux manifestes poétiques relativement différents
dans Deffence et illustration de la langue françoise (1549)
et dans la préface à la seconde édition de l'Olive
à peine un an plus tard. C'est plutôt une situation historique
qui permet d'unifier des productions et des positions souvent hétérogènes
: la Pléiade se trouva au point de rencontre de deux courants,
celui de l'humanisme et celui du nationalisme naissant.
L
' imitation de l'Antiquité.
La tradition antique fut réactivée
grâce à l'humanisme des XVe et XVIe siècles. Non
que le Moyen Âge n'en eût pas été marqué,
bien au contraire, mais la perspective humaniste était radicalement
différente.
Au Moyen Âge, la proximité avec l'Antiquité était
telle qu'on pouvait impunément répéter la tradition
; à la Renaissance on ne répétait plus, on imitait,
et l'imitation suppose toujours la conscience d'une distance.
C'est ainsi que les membres du collège de Coqueret, qui allaient
former la Pléiade, cherchèrent, du sein même de
leurs études savantes, à retrouver le modèle
du tragique antique (Jodelle avec Cléopâtre captive,
1533, et Didon se sacrifiant, 1558 ; de Baïf avec Antigone, 1573)
ou de l'épopée, genre noble par excellence (la Franciade
de Ronsard, 1569), mais aussi de la poésie didactique à
la manière d'un Lucrèce (Peletier du Mans avec Amours
des amours, 1555 ; Ronsard avec Hymnes, 1555-1556).
Illustrer
la langue française.
Mais ce sentiment de distance permit
aussi de se détacher de la prééminence exclusive
du latin : contre cette langue, à la fois celle du sacré
et du savoir, il fallait défendre la valeur de la langue française
en la rendant à son tour " illustre ", c'est-à-dire
en lui donnant le lustre de la tradition antique.
Tel fut le propos de Deffence et illustration de la langue françoise
de Du Bellay. Pour enrichir le français, on rechercha alors
les néologismes, les mots des différents métiers,
les termes rares, en même temps que l'on multipliait les images
et les métaphores.
Cette affirmation de la langue française était contemporaine
d'une autre légitimation, celle de la nation France et de l'État
monarchique.
Ce n'était donc pas un hasard si les poètes de la Pléiade
étaient aussi des poètes de cour.
La voix du poète ne chantait plus l'unité de la tradition
antique et chrétienne comme au Moyen Âge, mais la gloire
réciproque du roi et de son poète. Plutôt que
de chercher, de façon ludique, à multiplier les formes
comme chez les grands rhétoriqueurs, la Pléiade sacra
le sonnet seul et bientôt l'alexandrin comme la forme, par excellence,
du travail poétique.
Le ton de la confidence que Clément Marot avait imposé
trouva là toute sa résonance, car la Pléiade
avait su donner à la position sociale du poète la dignité
d'un privilège.
Philippe Desportes, de façon sans doute plus mondaine, poursuivit
l'uvre de la Pléiade, avant que le purisme malherbien
ne s'affirmât dès le début du XVIIe siècle
contre ses prétentions : loin de vouloir enrichir la langue,
il fallait désormais promouvoir une économie de la rareté
linguistique qui fut, par la suite, comme une marque du classicisme.
Les
salons littéraires et mondains.
Le premier salon littéraire fut
celui de la marquise de Rambouillet, ouvert vers 1610. L'exemple fut
suivi par Mlle de Scudéry, Mme Scarron (Mme de Maintenon),
Ninon de Lenclos, etc., dont les salons jouèrent un grand rôle
dans l'expression de la " préciosité " comme dans la
formation du goût classique. Les jeux d'esprit y étaient
de règle (portraits, maximes), et une sorte de philosophie
du libertinage s'y ébauchait parfois.
Au XVIIIe siècle, les salons devinrent des foyers de discussions
philosophiques plus ouverts. Si celui de la duchesse du Maine était
surtout un lieu de divertissement, dans ceux de la marquise de Lambert,
de Mme du Tencin, de Mme du Deffand, de Mlle de Lespinasse, de Mme
Geoffrin et Mme d'Épinay, de Mme Necker, on débattait
des grands problèmes philosophiques et politiques du temps,
avec Voltaire, Montesquieu, Helvétius, Marmontel, d'Alembert...
Au XIXe siècle, Mme Récamier et Delphine Gay de Girardin
tinrent plutôt des salons littéraires.