O Paresse, prends
pitié de notre longue misère !
O Paresse, mère des arts et des nobles vertus, sois le baume
des angoisses humaines. Paul Lafargue, Le Droit à
la Paresse.
Tristesses
de la lune
Ce
soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Sur
le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.
Quand
parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans
le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.
Charles BAUDELAIRE Les fleurs du mal
Sur
le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.
Quand
parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans
le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.
Charles BAUDELAIRE Les fleurs du mal
Durant
plus d'un jour de paresse j'ai pleuré sur le temps
perdu. Pourtant il n'est jamais perdu, mon Seigneur ! Tu as
pris dans mes mains chaque petit moment de ma vie.
Caché au coeur des choses, tu nourris jusqu'à
la germination la semence, jusqu'à l'épanouissement
le bouton, et la fleur mûrissante jusqu'à l'abondance
du fruit.
J'étais là, sommeillant sur mon lit de paresse
et je m'imaginais que tout ouvrage avais cessé. Je
m'éveillai dans le matin et trouvai mon jardin plein
de merveilles et de fleurs.